Après Ledger, c'est au tour de Paymium... La fille du PDG de la plateforme française d’échange de cryptomonnaies, accompagnée de son compagnon et de son enfant de 18 mois, ont été visés par une tentative d'enlèvement dans le 11e arrondissement de Paris, mardi matin, selon l'AFP. Trois hommes cagoulés, et a priori armés, ont tenté d'embarquer la femme dans une camionnette Chronopost. Ils ont finalement pris la fuite après avoir frappé à plusieurs reprises le conjoint qui s'est interposé. Le véhicule aurait été retrouvé dans une rue non loin. Un enfant de 18 mois aurait été présent avec les deux victimes, mais celui-ci ce serait mis à l'écart et aurait été épargné, selon BFMTV. Les trois proches du PDG de Paymium ont toutefois été légèrement blessées et conduits à l'hôpital.
Dans un communiqué, l'entreprise déclare que "l’ensemble des collaborateurs de Paymium, comme toutes les personnes travaillant dans le secteur des cryptomonnaies aujourd’hui en France, ont été particulièrement touchés par la tentative d’enlèvement qui s’est produite le mardi 13 mai 2025 en plein Paris". La société se refuse à tout commentaire sur l'affaire mais a appelé les autorités "à prendre des mesures immédiates pour contribuer à la protection des collaborateurs des entreprises du secteur".
«L'écosystème crypto se sent plus en sécurité à Dubaï ou en Suisse»
Cette tentative de kidnapping faite suite à deux enlèvement successifs dans le secteur des cryptomonnaies. Début mai, le père d'un entrepreneur français avait été enlevé dans le 14e arrondissement de Paris par quatre hommes cagoulés. Il aurait été séquestré pendant deux jours et aurait subi des actes de torture, dont notamment un doigt coupé. Une rançon de plusieurs millions d'euros aurait été réclamé à son fils. Plus tôt dans l'année, en janvier, David Balland, un des fondateurs de Ledger, et sa compagne avaient été kidnappés à leur domicile dans le Cher. Là encore, le doigt de l'une des victimes avait été sectionnés et une rançon avait été réclamée en bitcoins. Le commanditaire présumé de cet enlèvement avait été retrouvé et mis en examen avec sa compagne.
Cette nouvelle tentative d'enlèvement risque d'effrayer encore plus les acteurs du secteur des cryptos. «Dans l’esprit général, ça ne pouvait pas arriver en France et en Europe. Mais la réalité aujourd’hui, c’est que ça n’arrive pas qu’aux États-Unis ou en Amérique latine. L’écosystème se sent plus en sécurité à Dubaï ou en Suisse», nous expliquait il y a quelques jours Thibaut Boutrou, co-fondateur de la plateforme d’investissement crypto Meria.
Touché au premier degré en début d'année par l'enlèvement de David Balland, cofondateur de Ledger, Éric Larchevêque a de son côté réagi sur X dès mardi. «Halte à la mexicanisation de la France», a-t-il déclaré d'entrée de jeu. Avant de vider son sac : «Aujourd’hui, réussir en France, que ce soit dans les crypto-actifs ou ailleurs, c’est se coller une cible dans le dos. Et que nous répond-on ? Qu’on aurait dû se faire discrets. Qu’on aurait dû se cacher. Qu’on l’a un peu cherché. C’est la version contemporaine et économique de l’odieux : “T’avais qu’à mettre une jupe plus longue”». Particulièrement remonté, l'entrepreneur français réclame des changements rapides pour mettre fin au climat d'angoisse autour de la crypto-sphère : «Une tolérance zéro pour les actes de violence, une justice rapide, ferme et lisible, et le droit à une vie paisible pour tous. Pas des promesses. Des actes. Pas des effets d’annonce. Des résultats.»