C'est un coup de tonnerre dans le monde des assureurs et des mutuelles santé. La licorne française Alan, spécialiste de l'assurance-santé en entreprise, gagne le contrat historique du ministère de l'Économie et des Finances, au détriment des géants historiques du secteur, tel que l'assureur Mgéfi, mutuelle historique du ministère, selon les informations de "La Lettre de l'Assurance". Il s'agit d'un contrat visant à couvrir plus de 130 000 agents et fonctionnaires de Bercy, voir plus. En effet, Alan pourrait en plus couvrir les ayants droits et retraités du ministère, soit plus de 300 000 personnes ! 

Ce contrat est l'un des plus prisés du secteur public puisqu'il s'agit du troisième plus important appel d'offres de la fonction publique, après le ministère de l'éducation nationale et celui des armées. Environ dix acteurs majeurs de l'assurance étaient encore en compétition pour le remporter, dont la Mgéfi, filiale de la Matmut. 

Ce n'est pas la première fois qu'Alan décroche un contrat public. L'année dernière, la startup tricolore a ainsi remporté les appels d'offres lancés par les services du Premier ministre, et les ministères de la Transition écologique et de la Transition énergétique, ainsi que du secrétariat d'État chargé de la Mer. En 2023, la licorne avait aussi gagné l'appel d'offres de l'Assemblée nationale pour assurer la couverture des assistants parlementaires et de leur familles. 

Pas le premier contrat dans le secteur public 

Ces nouveaux contrats s'inscrivent dans la stratégie affichée de l'entreprise d'établir une percée significative cette année dans le secteur public. C'est ce que disait Jean-Charles Samuelian-Werve à Maddyness en janvier dernier. "L'année 2024 a été assez extraordinaire mais on va faire encore mieux en 2025", affirmait le dirigeant et cofodondateur d'Alan, en citant comme un des principaux axes de développement le secteur public. L'entreprise bénéficie de la réforme de la protection sociale complémentaire des agents publics (PSC) qui a ouvert aux nouveaux acteurs l'accès au marché public dans la santé. 

Le gain du contrat géant de Bercy par Alan inquiète non seulement les grands acteurs du secteur, comme la Mgéfi, mais aussi les syndicats du ministère. Ces derniers s'interrogent sur la solidité économique et financière de la startup. Dans un communiqué commun, Solidaires, la CGT, FO, la CFDT, Unsa, la CFTC et la CFE-CGC du ministère critiquent ce choix qu'ils qualifient de "tournant historique". "C'est une start-up aux commandes !", regrettent-ils. 

Avec ses plus de 500 millions de revenus annuels récurrents (ARR) en 2024, celle-ci n'est toutefois pas encore rentable. Alan a enregistré des pertes d'un montant de 54 millions d'euros l'an passé. Elle espère atteindre la rentabilité l'année prochaine. En France, la société pourrait même être profitable dans les prochains mois. Alan revendique aujourd'hui plus de 700 000 membres. Sollicité par Maddyness, Alan n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.