« Cette levée de fonds n’est pas une levée classique », raconte Denis Barrier, managing partner de Cathay Innovation. « C’est une levée de fonds autour d’un projet. Le projet est d’avoir un véhicule avec la bonne taille, international, avec la valeur ajoutée de l’industrie et qui fonctionne à l’européenne. » Cathay Innovation boucle un troisième fonds d’investissement d’un milliard de dollars pour soutenir des solutions d’IA dans les quatre verticales de la société de gestion : énergie & mobilité, fintech, consommation et santé digitale.

Cathay Innovation prévoit de déployer 50% de ce fonds en France et en Europe, 25% aux Etats-Unis et 25% en Chine, et sur une période de deux ans et demi environ. 235 millions d’euros ont déjà été investis dans 14 startups européennes. Dans la santé, Cathay Innovation III est au capital de Nabla, Aqemia, ou encore Bioptimus. Le fonds a aussi investi dans Range, solution de gestion de patrimoine pilotée par l’IA, Flowdesk, une plateforme de trading d’actifs numériques, dans David Energy et Entalpic dans le secteur de l’énergie ou encore dans Ghost, une marketplace B2B pour les surplus d’inventaire des marques, Imagino, une plateforme de gestion de données clients pour les entreprises, ou Beatbot, robots de nettoyage connectés.

« Chez Cathay Innovation, notre façon de faire est beaucoup plus adapté à l’Europe »

Ce closing valide la stratégie de Cathay Innovation : créer une plateforme d’investissement en lien avec les industriels. D’ailleurs, 50% de leurs LP’s sont des groupes industriels comme Sanofi, Total Energies, Valeo, BNP Paribas Cardif, Groupe SEB, Groupe ADP (Aéroports de Paris), Copec… « On ne fait pas comme aux Etats-Unis où tout est gouverné par les marchés financiers », insiste Denis Barrier. « Notre façon de faire, c’est de financer les startups et de les mettre en relation avec les industriels. Ils façonnent ensemble l’industrie de demain, et ça, c’est beaucoup plus adapté à l’Europe. » Un modèle pertinent alors que le fonctionnement traditionnel du VC est de plus en plus remis en question.

Le fonds s’écarte des grands modèles de fondations pour se concentrer sur les solutions applicatives de l’IA. « On ne mise pas sur des solutions qui augmentent seulement la productivité mais sur des agents, des plateformes d’IA qui transforment vraiment une façon de faire », développe le managing partner qui note un changement de business model. « Ce n’est plus une rémunération en fonctions des accès à la plateforme mais en fonction de chaque tâche accomplie par la solution. Avec ce nouveau paradigme, il faut faire évoluer notre manière de créer. » Il reprend : « cette évolution, nous l’avions depuis toujours dans notre ADN ! »

L’ADN de Cathay Innovation, c’est aussi la Chine et les Etats-Unis. Le fonds a une équipe de plus de dix personnes aux Etats-Unis et une équipe bien installée en Asie. « Notre plateforme a été bâtie sur ce premier pilier de la collaboration startups - grands groupe au service de la transformation industrielle, mais également sur la connexion avec ces deux zones géographiques. Là aussi, c’est un partenariat. » Un moyen pour le fonds de profiter des avantages techniques de la Chine, notamment dans l’IA au service de la robotique et de la supply chain. « C’est aussi une manière d’anticiper cette phase où nous aurons des robots tout autour de nous et d’avoir une opportunité de créer un écosystème software français avec de l’AI. »