Ne dîtes pas que ce nouveau tour de table de la startup Fabriq est une série B. « Cela renvoie à des étapes du capital-risque or, ce n’est pas un tour de capital-risque », affirme François Déchelette, cofondateur de Fabriq. La jeune pousse lève 22 millions d’euros auprès de son investisseur historique OSS Ventures et d’un nouvel actionnaire : Expedition Capital, un fonds de growth equity. « Nous sommes à mi-chemin entre le capital-croissance et le capital-risque. C’est une approche qui est favorise la croissance, notamment à l’international de Fabriq, tout en gardant un ADN de société efficiente. »
Fondée en 2019, Fabriq est aujourd’hui déployée dans plus de 600 sites industriels et 43 pays. « Nous digitalisons les process ‘lean’ dans les usines. Concrètement, notre solution aide les équipes opérationnelles à détecter, résoudre et corriger les problèmes du quotidien », précise François Déchelette. La solution peut s’utiliser dans tous les secteurs, elle compte Safran et Airbus, Renault, LVMH, Andros ou encore Merck parmi ses clients. Fabriq a été rentable sur l’exercice 2024.
« Un coup de pouce sans rentrer dans une phase d’hypercroissance »
Ce tour de table va servir à développer le produit et l’activité internationale. « 40% des sites avec lesquels nous travaillons se situent en dehors de France. La croissance s’est faite de manière plutôt organique car nous travaillons avec des organisations multinationales, françaises ou non », décrit le cofondateur. La startup veut désormais capitaliser sur ses premiers clients pour soutenir son développement. « Les Etats-Unis sont notre deuxième marché derrière la France. » Fabriq prévoit d’ouvrir un bureau à Boston et de nombreux recrutements sur place. Côté produit, l’objectif est d’ajouter des cas d’usages à la plateforme existante. « Aujourd’hui, notre outil est plutôt axé sur la couche managériale. Nous voulons nous rapprocher des opérateurs. »
L’industrie reste un milieu peu digitalisé où l’opérationnel, la gestion du quotidien, la productivité reposent peu sur des outils numériques. « Il n’y a que 20% de taux d’équipements dans ce marché », relève François Déchelette. Si la jeune pousse veut croître outre-Atlantique, retrouver l’équilibre reste une priorité. « Nous avons besoin d’une partie des fonds pour aller aux Etats-Unis. C’est un projet ambitieux avec une partie de risque importante. Les salaires ne sont pas les mêmes, il faut voir les choses en grand. Il y a une partie qui est aussi un matelas de sécurité. »
« Nous nous sommes retrouvés dans l’ADN d’Expedition Capital d’accompagner des entreprises plutôt bootstrap, qui n’ont pas forcément levé beaucoup d’argent pour les aider à avoir un succès équivalent à l'international, notamment Outre-Atlantique, sans complètement changer d’approche, sans rentrer dans une phase d'hypercroissance », résume François Déchelette. Fabriq avait levé 4 millions d'euros en 2022. « Le cash que nous avons aujourd’hui est à peu près équivalent à ce que nous avions levé. » Fabriq compte aujourd’hui une centaine de salariés et atteindra les 200 d’ici deux ans, environ. La ligne directrice reste le retour à l’équilibre. « Cela dépendra de notre croissance à l’international et notamment de l’attribution de marchés clés comme l’Allemagne ou les États-Unis. Mais notre objectif est de retrouver la rentabilité à l’horizon 2027-2028. »